L’exaltation c’est, en particulier, un état affectif élevé à un très haut degré. C’est cet état qui est ressenti par Lou Miceli et sa famille quand, en juin 2010, Angelo est sélectionné en troisième ronde par les Tigres de Victoriaville. Bonheur et fierté sont les mots utilisés par le père d’Angelo pour décrire ce moment. Le bonheur de leurs enfants, n’est-ce pas le souhait de tous les parents pour leur progéniture? Mais dans le cas des parents de jeunes hockeyeurs de la LHJMQ, cela veut dire aussi déchirements, car son jeune de 16 ans va quitter la maison. La famille vivra désormais séparée pour les 4 à 5 prochaines années, voire plus si le jeune adolescent, une fois devenu un homme, décide de poursuivre une carrière professionnelle.
Pour les Miceli, famille italienne typique, le sentiment d’appartenance est très développé. Angelo lui-même nous confiera que cette séparation fut très difficile pour lui, mais surtout pour sa mère vers laquelle ses premières pensées sont allées quand on lui a demandé de parler de ses parents. D’ailleurs, son père Lou précisera que la maman d'Angelo faisait tout pour lui. Pour une famille toujours ensemble, habituée à tout partager, à fêter toutes les célébrations de la vie (temps de Noël, vacances, anniversaires de toutes sortes), le départ du premier fils fut très pénible, difficile à accepter.
C’est dans un esprit de sacrifices que la coupure s’est faite, tant du côté des parents que de celui du joueur de hockey. À 16 ans, Angelo est un adolescent très gêné, proche de sa famille, qui se tient un peu dans son coin, se liant d’amitié, au fil du temps, avec Brandon Whitney, le gardien recrue des Félins. Pour s’intégrer à l’équipe, il aura beaucoup de travail à faire : on ne fait pas partie de l’alignement régulier dès ses premiers coups de patins … Angelo nous dira à ce sujet que ses parents ont été d’un grand secours à ses débuts à Victoriaville; quand il était rayé de l’alignement, ce sont eux qui l’aidaient à garder le moral. C’est pour ce support indéfectible qu’il veut remercier son père et sa mère.
Son père Lou nous avouera qu’il est allé très souvent voir jouer son fils à Victoriaville et dans toutes les villes dans un rayon de trois heures de route. Lui qui est de Montréal, ce sont des déplacements d’une dizaine d’heures de route par semaine qu’il effectuait. Possédant une entreprise de fruits et légumes, l’heure tardive à laquelle il revenait de ces voyages compliquait les choses pour lui, car la journée du lendemain commençait très tôt.
Les médias sociaux comme Internet ont grandement facilité la communication. Lou est très présent sur Facebook. Et un élément déterminant de la transition maison-maison de pension, c’est la famille d’accueil qui a reçu Angelo. Luc et Malorie, les parents « adoptifs » ont fait un travail remarquable. Angelo y séjourne depuis cinq ans. Aussi maman Miceli est plus rassurée, les deux familles communiquant régulièrement.
Par contre, le choc d’un second départ fut tout aussi sévère quand son deuxième fils, Girolamo a quitté à son tour en 2014. « Gino » s’est joint à une équipe de Gatineau; il est maintenant au niveau Midget AAA. Il a pu bénéficier des nombreux conseils de son grand frère à ses débuts dans le hockey de haut niveau. Le rêve de Gino est d’ailleurs d’être repêché par Victoriaville et de suivre les traces de son aîné chez les Tigres.
Mais le père confirme un fait indéniable : comme parents, on ne s’habitue jamais à voir partir ses enfants loin de la maison et pour une si longue période. Ils sont là pour encourager les garçons, les supporter. D’ailleurs Angelo dira à son père qu’il aime quand celui-ci assiste aux parties. Il trouve ça plus facile pour lui de le savoir dans les estrades. Ce fut particulièrement vrai à sa première saison qu’il a trouvée très difficile.
Dès sa deuxième année cependant, Angelo est devenu un régulier, jouant 50 matchs, puis les 68 de la saison régulière en 2012-2013 et 2013-2014. Cette saison, une blessure l’a tenu à l’écart du jeu pour quatre parties, mettant fin à une séquence de 199 parties consécutives. Il va sans dire que ce fut une grande déception pour l’homme de fer des félins. On comprendra que ce fut tout un déchirement pour les parents aussi. Autant les succès d’Angelo ont réjoui père et mère, autant les revers et les blessures sont source d’inquiétudes et de déceptions. L’euphorie dans la victoire, la torture dans les échecs.
Pour Angelo, la carrière junior qu’il a passée au complet à Victoriaville, c’est synonyme de grande réalisation. Il est devenu « M. Tigre », le cœur et l’âme de son équipe. Et qui pensez-vous est le plus fier de son gars? Lou, bien sûr, lui qui a senti les larmes lui monter aux yeux quand son garçon a été ovationné comme première étoile lors de son dernier match de la saison régulière, le 21 mars dernier. Pour ce père comblé, les succès de son fils ont surpassé toutes les attentes. Sa réussite est une victoire incroyable. Le petit gars gêné est devenu cet homme adulé des partisans des Félins. Vous devriez les entendre rugir quand l’annonceur-maison déclare à voix forte : « Le but des Tigres … son 38e de la saison … compté par le numéro 26 … Angeeelooooo…. Miiicellli ! » C’est le délire dans la foule. Et il y a là un père qui éclate de fierté.
Pour Lou Miceli, les partisans de Victoriaville sont les meilleurs fans : ils traitent son fils comme un roi ! Il salue avec gratitude l’organisation des Bois-Francs, une organisation de grande classe. Pour lui, c’est ça être parent d’un hockeyeur de la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec : exaltation et déchirements.
Le mot de la fin revient cependant à Angelo : « Merci, papa, maman, pour tous les sacrifices. Merci, papa, maman, pour tout l’argent dépensé, pour tout le temps consacré à partager mon expérience de vie. »
« Dad, I love you !» “ Ti amo, mama !!!”
